Depuis la médiatisation de la "fin de Calais" et la décision de disperser les migrants dans des centres d’accueil, médias et réseaux sociaux relaient ou répandent des discours ouvertement racistes, on voit à Béziers des affiches municipales incitant à la haine raciale, à Fougères et dans des dizaines de villes ou communes françaises des manifestations anti-migrants. Chez nous, le tristement célèbre journal local L’union, plus réputé pour ces prises de positions à droite de la droite que pour la qualité de son travail journalistique se livre depuis le début de la semaine sur son site internet et dans ses pages à un décompte des arrivées de migrants dans la région assez flippant...
Le F.N orchestre cette récupération de l’évènement avec d’autant plus d’enthousiasme que l’échéance électorale se profile à l’horizon. Il y a tant de propos racistes ouvertement assumés qu’on pourrait écrire un nouveau livre de la jungle.
Cette campagne joue sur les peurs les plus primaires et s’appuie sur des stéréotypes. Le terme même de "jungle", jamais démenti par les médias supposés objectifs, est suffisamment connoté pour alimenter cette peur irrationnelle, le pluriel systématique utilisé pour désigner les "migrants" finit par produire l’effet d’une espèce d’amalgame, et par le rabâchage on a en définitive le sentiment qu’il s’agirait d’une sorte de peuple composite venu d’ailleurs dans le seul but d’envahir l’espace national. L’avertissement "ils arrivent", anxiogène à souhait, laisse entendre une identité barbare et sauvage. Les responsables populistes attisent ces préjugés : le "migrant" ne peut être qu’un violeur ou un djihadiste potentiel.
L’exploitation récente du viol d’une interprète de France 5 a amplement accentué ce cliché, notons au passage l’imprudent titre de la plupart des médias reprenant ce fait hélas divers en l’associant aux termes de "migrant" et de "jungle".
Pourtant des dizaines de milliers de viols sont commis chaque année, dans tous les quartiers, dans tous les milieux, mais pourquoi ce viol a-t-il précisément fait la une de nombreux grands médias à quatre jours de l’évacuation de Calais ?
La réponse est évidemment dans la question : parce que ce viol à eu lieu dans cette "jungle" , et que ce crime a été commis par des "afghans". Très étrange ce besoin exotique de médias supposés neutres de préciser l’identité ethnique, il y aurait des peuples prédisposés au viol ? L’électorat frontiste peut dans ce contexte exhiber les pires slogans, propager son infatigable et nauséabonde xénophobie, commettre des actes criminels contre les futurs Centres d’Accueil et d’Orientation ; lesquels serviront plus probablement à "orienter" hors des frontières, nous ne sommes pas dupes de cet humanisme de façade, tartufferie de l’autre versant politique qui soigne sa vitrine républicaine.
Rappelons l’essentiel, l’immense majorité de ces hommes et de ces femmes sont contraints à l’exil, ils aspirent à une vie paisible et heureuse, ils craignent comme tout un chacun le viol, la barbarie, la prison, les villes bombardées. Il est temps que les médias se penchent sur leurs histoires singulières, qu’ils cessent de les appréhender comme un magma indistinct, endémique, mondialisé. Chaque ("chaque" est un distributif en grammaire et ne peut donc être suivi du pluriel !) ...Chaque migrante, chaque enfant de migrant et chaque migrant ont une histoire propre, à nous de savoir les écouter, à nous de donner place à leurs histoires, à leur donner une place où vivre dignement : il y va de notre humanité.
Et commençons par proposer l’exemple de cette histoire-là : Gaël Faye, petit Pays...
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