Dès 6 heures du matin le 30 octobre, sept fourgons de gendarmes mobiles, trente policiers, ainsi qu’une interruption de la circulation sur un large périmètre, furent les moyens déployés pour démanteler le camp d’exilés rue Henri Paris. Son effectif avait atteint 85 personnes (et non 64 comme le prétend la préfecture), dont 28 enfants, qui survivaient dans des conditions indignes, dans lesquelles les avaient plongées la mairie et la préfecture, dans une volonté évidente de laisser la situation s’aggraver.
Nous ne pouvons que nous réjouir qu’une large partie de ces personnes soient hébergées, en application de la loi – sachant qu’une partie d’entre elles ne le sont que pour quelques jours, ce qu’omet de signaler la préfecture dans son communiqué. En revanche, nous déplorons vivement la grande violence de cette opération – dont la préfecture a le toupet de juger qu’elle s’est « déroulée sans incident » –, puisque les personnes ont été déplacées sans ménagement, sans égard pour leurs effets personnels dont ils n’ont pu conserver qu’une maigre partie. Il s’agit ainsi d’une opération d’intimidation, visant à prévenir toute installation de nouveaux campements. En témoigne le recouvrement de tout l’espace – y compris le terrain de football, dont les buts ont été détruits – par une épaisse couche de mulch, similaire à celui qui a été utilisé l’an passé sur le parc Saint-John Perse.
Nous déplorons également ce qui s’avère être une grave entrave à la liberté de la presse dont la préfecture s’est rendue coupable, un des policiers déclarant à des journalistes présents, desquels nous sommes pleinement solidaires, qu’il avait reçu « ordre de ne pas laisser passer la presse ». Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il est probable que des situations similaires se produisent à l’avenir – ce matin même un jeune couple arrivait d’Albanie sans solution d’hébergement – et c’est pourquoi il est urgent qu’un dispositif pérenne d’hébergement soit mis en place dès l’arrivée des exilés sur le territoire, et ce pour toute la période durant laquelle sont étudiés leurs dossiers.
Collectif Sövkipeu, 30 octobre 2019
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