La diffusion récente par France 3 Champagne-Ardenne d’une série de reportages de grande qualité (« Les migrants du canal ») a donné lieu le 16 octobre à deux contre-vérités et une diffamation (desquelles la chaîne ne peut pas être tenue responsable). Tel est en moins de cinq minutes le bilan des interventions du préfet de la Marne et du maire de Reims.
Première contre-vérité : Pour le Préfet « la plupart des pays dont sont originaires les demandeurs sont des pays sûrs donc ils n’auront pas l’asile ». Ici, tout en affirmant sa pratique discriminatoire, le Préfet feint d’ignorer que le droit d’asile est étudié en fonction de situations personnelles, et non pas en fonction du pays de provenance, quand bien même ce pays puisse jouer un rôle dans la procédure (les Syriens ou les Afghans obtiennent plus facilement le droit d’asile que les Albanais).
Deuxième contre-vérité : Pour le maire « la mairie… comme le grand Reims, n’ont pas de bâtiment vide qui serait susceptible d’accueillir des enfants ». Il est très simple de constater que des dizaines d’immeubles sont vides dans Reims, certains étant privés, d’autres publics. Les exilés l’ont prouvé en occupant le 55 rue de Cernay, propriété du Foyer rémois, au printemps dernier.
Une diffamation : En désignant les bénévoles sans les nommer, le Préfet affirme qu’ « ils commettent des illégalités en occupant des propriétés privées comme des squats, et [il] n’a pas vocation à parler avec des délinquants. On ne peut pas avoir comme interlocuteurs celles et ceux qui, directement ou indirectement, incitent à l’immigration clandestine et font venir des personnes de pays sûrs, qui sont indirectement les complices de passeurs ». Il accuse ainsi les bénévoles de favoriser le trafic d’êtres humains. Il peut dans ce cas porter plainte. Or il est improbable qu’il le fasse, ce qui signifie soit qu’il n’assume pas ces propos soit qu’il n’est pas dérangé par le trafic d’êtres humains. Rien n’empêche les bénévoles de déposer une plainte contre X pour diffamation.
Ils pourraient également porter plainte contre l’État, s’il s’entête dans son déni d’humanité, pour non-respect des conventions internationales relatives au droit d’asile et du code de l’action sociale et des familles.
Collectif Sövkipeu, le 21 octobre
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