Il y a un an, Robinet annoncait un nouvel événement : Run in Reims. Celui-ci remplaçait "Reims A Toute Jambes". La différence ne se situait pas seulement au niveau du nom. Oh que non !
Petits arrangements entre amis
En fait, le changement était bien plus important que cela. Tout d’abord, il retirait à la ville et à la Fédération Français d’Athlétisme l’organisation de cette course. A la place, elle revenait à une entreprise privée : Amaury Sport Organisation. Une organisation qui appartient au groupe Amaury qui possède notamment L’Équipe et qui organise, entre autre, le Tour de France. Leur chiffre d’affaire tourne autour de 500 millions d’euros.
Donc, au lieu d’organiser elle-même, en partenariat avec la Fédération d’Athlétisme, son marathon, la ville de Reims, enfin surtout son maire, a décidé de le vendre à une entreprise privée. Euh... le vendre, vraiment ? Non, l’acheter plutôt. Puisque ce n’est pas ASO qui rachète le marathon mais Reims qui va donner de l’argent à ASO pour qu’elle organise ce que Reims organisait déjà. 120 000 euros !
Mais cette somme ne vient pas seule, Reims va mettre à disposition des équipements, du mobiliers et de nombreux agents municipaux... On se demande vraiment pourquoi on paie ASO ! Au total, cela coute à la ville plus de 350 000 euros.
Quand un maire commet un délit...
La ville a donc donnée 120 000 euros à Amaury Sport. Le problème c’est que Robinet a refilé ce contrat à ASO directement, sans prendre la peine de faire d’appel d’offre. Il s’agit de quelque chose de complétement illégal, pour laquelle Robinet encourt jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende.
La gauche dépose deux recours. Un premier est rejeté puis un second est retenu, le 15 septembre. Le délibéré arrive quelques jours avant l’organisation et il déclare que l’accord est bien illégal mais que l’événement n’est pas annulé... Donc ASO obtient bien ses 120 000 euros de la ville plus les bénéfices qu’elle engendrera de l’organisation de "Run in Reims".
Le contrat est annulé au... 1er novembre, soit après la course. En somme, la justice a permit à Robinet et ASO de contourner tranquillement la loi. De plus, pour un délit pénal, l’affaire ne s’est vu jugée qu’au tribunal administratif, jamais Robinet n’a été jugé pénalement alors qu’il a clairement enfreint l’article 432-14 du code pénal.
De plus, les bénévoles étaient avant des licenciés de la Fédération Française d’Athlétisme, il s’agit maintenant de bénévoles engagés par ASO. Quand une association utilise gratuitement ses licenciés pour du travail, c’est du bénévolat, en revanche quand une entreprise privée le fait, on entre quand même plus dans du travail dissimulé. Mais bon, on est pas à ça près chez les magistrats...
On prend les même et on recommence
Le prochain marathon se nomme... "Run in Reims" ! Pourtant, le contrat avait été annulé. Cette fois-ci l’appel d’offre a été fait, "en bonne et due forme". La Fédération Française d’Athlétisme et ASO se porte candidat. Inutile de vous dire qui est choisi, c’est évidemment ASO. Sauf que cette année, cela coûte... 672 000 €. La candidature de la FFA coûtait moins cher mais apparemment ne respectait pas le cahier des charges, elle manquait de "professionnalisme" selon Robinet. Effectivement Arnaud, on se demande vraiment ce qu’une fédération qui organise les championnats de France d’athlétisme y connait en marathon...
Bilan : Un maire qui enfreint la loi en s’arrangeant avec une entreprise privée, une justice qui lui donne complétement raison et ne le poursuit même pas pour son délit et une entreprise privée qui profite d’un acte illégal pour se faire deux fois plus de fric que prévu... Sûrement ce qu’on appelle "la beauté du sport" !
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