Tribunal de Reims (51) – Visage poupon, Roméo, 18 ans, jette des coups d’oeil à ses parents depuis son banc. Sa mère serre le poing. Lui, c’est impassible qu’il écoute le récit de sa nuit de calvaire au commissariat de Reims. A la barre, Francky, 44 ans, répond aux questions du juge. Il est mis en examen pour violences volontaires par dépositaire de la force publique dans un local de l’administration ayant entraîné une ITT supérieure à 8 jours.
Les faits remontent à la nuit du 2 mars. Une brigade de la BAC interpelle quatre jeunes, très alcoolisés. La petite troupe fête la sortie de prison de Roméo en pétant des rétros de bagnoles. A la barre Francky, les cheveux ras, une paire de lunettes noires à grosse monture sur le nez, se tient droit dans son costume noir. Il raconte l’interpellation puis le trajet en voiture jusqu’au commissariat :
« Il menace les fonctionnaires de la BAC, il donne des noms de famille et des adresses [de policiers]. »
Au commissariat, la situation dégénère. Roméo est particulièrement agité. Les insultes fusent. Francky décrit au tribunal un jeune homme incontrôlable :
« Il se contractait, j’avais du mal à serrer ses bras. »
La scène se déroule sous le regard d’une caméra de surveillance. Les images, diffusées à l’audience, sont accablantes pour le policier. Dans une première séquence, on peut les voir tenter de maîtriser le jeune homme. Ils le plaquent au sol, le menottent avant de le traîner en salle de fouille. La victime disparaît du champ de la caméra.
Lorsque Roméo réapparaît à l’image, il sort de salle de fouille en caleçon et en pull. Maître Ludot, l’avocat du plaignant, est scandalisé. Il estime que son client est porté comme « un vulgaire sac à patates ». « Au début (dans le local de fouille), il se débat. Et au moment de le faire s’asseoir, il bouge sa tête, crache sur le collègue et tente de le mordre. Il nous insultait aussi », assure le fonctionnaire pour justifier la suite.
Seconde vidéo. On y voit trois policiers jeter brutalement le jeune homme au sol. Dans la cellule numéro 4, il se relève et revient au contact des policiers. Un fonctionnaire le pousse à nouveau, et c’est à ce moment que « Francky » surgit dans le champ de la caméra. Il assène une violente série de coups de poings au jeune homme. « Je porte des atémis [coups de poings inspirée des arts martiaux japonais]. C’est violent mais c’est la technique que l’on apprend en formation. » Pour « Francky », ce sont des gestes défensifs. A la barre, il explique qu’il ne parvenait pas à fermer la porte de la cellule. Un instant, il tourne le dos à Roméo. Un collègue lui dit « attention », pensant que Romeo s’apprête à le charger. Le policier aurait alors paniqué.
Me Benkoussa, l’avocat du policier, fera de cet argument l’axe principal de sa défense. Il demandera même une reconstitution des événements, contestant l’analyse des images par l’IGPN. « Nous avons un élément objectif avec la vidéo. Et l’angle de la caméra a été choisi par la police », tonne le procureur. La demande de complément d’information est rejet
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