Alors que le verdict du procès d’Hissène Habré a été prononcé le 30 mai 2016, le condamnant à perpétuité pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre, actes de torture et viols, l’ONG Human Rights Watch, qui a porté ce procès et mené des enquêtes, a publié deux rapports l’un concernant le soutien de la France, l’autre celui des Etats-Unis [1], au régime d’Hissène Habré.
Le rapport très documenté « Allié de la France, condamné par l’Afrique, Les relations entre la France et le régime tchadien de Hissène Habré (1982-1990) » rédigé par Henri Thulliez, souligne le soutien diplomatique et militaire dont a bénéficié Habré, soutien qui a contribué au maintien au pouvoir du dictateur et s’est opéré via un volet militaire particulièrement développé : livraison d’armes, formations, interventions militaires, soutien logistique…
Si le volume de l’aide militaire reste flou, les livraisons de matériel militaire ont été constantes et conséquentes. Le rapport en détaille un certain nombre et précise qu’une seule livraison a été réglée par l’État tchadien, en 1990 (p. 66). Sur place, l’armée française participe à l’entretien du matériel. Par ailleurs, des avions français Transall ont servi au transport de prisonniers de Habré, ceux-ci étant plus discrets. Des formations sont dispensées à l’armée tchadienne, à la DDS et une école d’officiers est mise en place dès 1985. Parmi les bénéficiaires de formation, Idriss Déby, puis Guihini Korei, ancien directeur de la DDS qui offrira ensuite ses services au Togo, surnommé alors « le cimetière ambulant », ont été accueillis en France à l’Ecole supérieure de guerre.
Des priorités géostratégiques, notamment des enjeux d’influence face à la Libye et aux Etats-Unis, ont justifié une politique d’appui à un régime coupable de crimes que les autorités françaises ne pouvaient ignorer.
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