En voici quelques extraits :
A ceux qui pensent que les différences dans les réactions à propos des événements meurtriers de janvier 2015 auraient pour origine une question de morale personnelle nous disons tout net, au risque de les froisser, qu’elles ont une explication sociologique.
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Chaque drame médiatique sert d’exercice d’alerte pour tester les capacités de mobilisation des classes dominantes en cas d’urgence. En l’occurrence, l’exercice est plus que réussi.
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Comme nous refusons catégoriquement de porter un jugement moral sur ceux qui se sont instinctivement réjouis des attentats, pour tenter plutôt de mettre en relief ce discours avec la position sociale de ceux qui l’expriment, nous en ferons de même en refusant de cracher sur ceux qui ont éprouvé le besoin de manifester « Je suis Charlie ». Certains des manifestants exprimaient quelque chose de réel et de positif, à notre sens, au milieu cependant de toute la potentielle confusion de préjugés islamophobes et d’impensés politiques qui allaient avec.
Mais tout le pouvoir d’instrumentalisation des médias et du champ politique réside dans ce minuscule glissement entre ce que les manifestants exprimaient, et voulaient exprimer, et ce qu’on leur faisait dire.[...]
« L’intolérance religieuse » que tout le monde s’est accordé à fustiger à la faveur de ces attentats n’a, en France, historiquement rien à voir avec l’Islam. Au contraire, elle a pris depuis bien longtemps, dans notre pays, le visage de l’athéisme et de la laïcité, et elle réside déjà dans le fait de ne pas laisser les individus vivre leurs croyances dans la paix et dans le respect. Au-delà, elle sert plus concrètement à stigmatiser les classes populaires et, parmi elles, les immigrés des anciennes colonies françaises et, encore plus spécifiquement parmi eux, les femmes. En France l’islamophobie constitue le cheval de Troie du racisme colonial, en maniant le discours culturel et religieux à la place du vieux discours biologiste désuet. Les médias déshumanisent une partie de la population, celle- là même qui est déjà la cible de toute la violence du racisme post- colonial, du mépris de classe, du contrôle social (scolaire ou policier), en plus de l’exploitation économique … violence diffuse et invisible pour les classes dominantes et leur indignation sélective qui révèle leur position privilégiée.
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Les temps sont à la confusion et, au-delà de la gauche institutionnelle, le milieu militant radical, qui a la prétention de livrer des analyses politiques, ne doit pas faire l’économie d’une autocritique quant au rôle qu’il peut jouer dans cette confusion. La première de ces confusions sur laquelle il nous semble impératif de revenir est l’utilisation, totalement déplacée, du terme de « fascisme » pour qualifier les attentats, et qui révèle le contenu essentiellement moraliste et la fonction fourre- tout de ce mot, qui a entre autres pour fonction de subsumer toutes les luttes d’émancipations spécifiques, censées se fondre en lui comme autant de ses nombreux sous- produits.
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On rappellera que le fascisme est un mode de mobilisation de masse, antisocial et nationaliste, fonctionnant avec l’appui de la bourgeoisie en période de gestion de crise du capitalisme, dont il est également un mode de gouvernement historiquement spécifique. Il ne se confond pas, et ne peut pas être confondu, en France, avec les actes isolés de quelques illuminés groupusculaires, si meurtriers que soient leurs agissements, et il n’est, historiquement, pas religieux, il n’a même rien à voir avec la religion.
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Il va aussi falloir dire une vérité qui fâche : si la politique colonialiste, raciste et meurtrière de l’Etat d’Israël doit évidemment être dénoncée en France, l’obsession avec laquelle le conflit israélo-palestinien est investi, de façon très personnelle et affective, par le milieu militant français ne s’explique pas uniquement par l’argument misérabiliste (et raciste de surcroît), qu’il serait « importé en France par les gens issus de l’immigration maghrébine ». Le soutien, légitime, à la résistance palestinienne est instrumentalisé facilement par les antisémites du fait d’une obsession française sur ce conflit en particulier, obsession qui occulte les autres conflits et donc empêche une mise en relief plus général avec les différentes politiques impérialistes des états capitalistes ; or, en devenant « emblématique », cette cause tend à être essentialisée, et finalement à s’ethniciser. Vidée de sa signification politique rigoureuse elle peut alors être instrumentalisée, de façon affective, par les réactionnaires. Au final, le mot « antisionisme » finit par ne plus rien vouloir dire du tout, donc devient ce que celui qui parlera le plus fort voudra bien qu’il soit : un cache sexe de l’antisémitisme. La lutte pro- palestinienne est l’affaire des palestiniens, en tant que « soutiens » anticapitalistes notre rôle, en France, consiste déjà à lutter contre notre propre impérialisme. Ou, comme le faisait remarquer le slogan ironique « Boycottez les agrumes d’Israël, achetez les bananes de la Côte d’Ivoire à la place. Support your local imperialism ! » Alors qu’un génocide au Congo fait plus de 6 millions de morts dans l’indifférence générale depuis plus de 20 ans, aucun antifasciste n’éprouve le besoin particulier de sortir un bel autocollant « antifa pro- congolais », il en va de même pour le génocide au Rwanda ou pour n’importe quel autre massacre.
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Quant à ceux qui parlent « d’antifascisme » à tort et à travers, en France, il serait bon qu’ils laissent un peu de côté le « sionisme » ainsi que les prises de positions géopolitiques foireuses et à deux vitesses, ou les bagarres de rue. Si la lutte antifasciste a un sens à l’heure actuelle, en France, elle devrait plutôt se concentrer sur le travail de déconstruire ce qui reste d’antisémitisme et d’islamophobie structurelle dans le milieu militant radical comme dans la société française, et analyser comment les deux vont de pair, car les évènements de ces derniers jours risquent de provoquer un déferlement de confusionnisme islamophobe et antisémite, en paroles ou en actes, et nous avons l’impératif d’être prêts à y répondre. Outre ce travail de clarification intellectuelle, un immense travail de militantisme de terrain reste à fournir, dans les syndicats ou les collectifs, pour éviter que le prolétariat ne cède aux tentations de l’extrême- droite française, antisémite et raciste, comme aux groupuscules de tous bords qui vont tenter d’instrumentaliser les tensions identitaires présentes au sein de la population. Nous sommes prêts à participer et à contribuer au débat qui doit avoir lieu sur ces sujets, débat dont nous espérons qu’il se déroulera autant que possible dans le calme, même si sa teneur fortement identitaire et affective ne nous laisse guère entretenir d’illusions à ce sujet. Nous serons donc probablement « islamo- gauchistes » pour certains, « sionistes » pour d’autres, « insensibles au drame » pour une immense majorité ; l’invective est facile, la réflexion de fond et l’autocritique sont plus difficiles.
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A.Q.N.I - Al Qaida au Nanterre Illuminati
Journal Islamo- Sioniste
Terroriste de l’humour à la noix depuis 2009
Obscurs militants dans la vraie vie
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