Pour ce qui est de savoir ce qui s’est vraiment dit pendant ces quatre minutes, le mieux est encore de les écouter en tapant Eric Dénécé dans un moteur de recherche. Pour les plus pressés, Eric Dénécé était donc présent ce jour-là pour tenter d’expliquer en trois minutes comment "comprendre la terreur verte."
Difficile d’y comprendre quelque chose pourtant puisqu’on apprend pêle-mêle que les zadistes de Notre-Dame-des-Landes sont des militants violents [sic], presque semblables en ça aux islamiques [sic], drogués [sic], conspirationnistes [sic] mais de tous âges et de tous sexes [sic], prêts à faire exploser la planète avec une bombe nucléaire [sic] et possédant des liens avec l’extrême-droite [sic]. Bien sur, aucune source n’est citée à aucun moment par Eric Dénécé, et Yves Calvi n’en demandera pas une seule.
Une absence qui n’est pas dérangeante puisque Eric Dénécé sait de quoi il parle, puisque son statut l’y autorise. M. Dénécé est expert du renseignement en France, comme le confirme sa place de directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement aussi bien que son rôle de présentateur du métier d’agent secret [sic] dans les guides d’orientation de L’étudiant. Après avoir travaillé pour le Secrétariat général de la défense nationale, il préférera le secteur privé. Il ne se cache pas d’avoir travaillé contre la guérilla communiste au Cambodge ou d’avoir défendu les intérêts de Total en Birmanie. Son expérience et sa place au CF2R lui assure du travail au travers de Risk Managements (aussi CF2R Services), sa société de conseil, qui conseillera aussi bien le gouvernement français par exemple sur l’avenir des forces spéciales que des industriels voulant installer un parc d’attraction sur le thème des agents secrets. Un homme donc plutôt crédible.
Rien de bien étonnant donc à ce que ce monsieur et Yves Calvi baldave sur les zadistes. Par contre, plus étonnante est leur utilisation du terme "terreur verte"...
Bien sur, l’utilisation du terrorisme comme épouvantail politique est maintenant devenue tellement évidente, que pour beaucoup d’entre nous, nous n’avons même pas cillé. Pourtant la "terreur verte" est une réalité tout ce qu’il y a de plus palpable pour les militants d’outre-atlantique, une réalité bien différente.
En effet, le "green scare" fait bien plus allusion à la terreur que fait s’abattre l’état sur les militants, qu’à l’inverse. La page wikipédia expliquant clairement que : "La terreur verte est un terme popularisé par les activistes environnementaux pour faire allusion aux actions gouvernementales américaines contre les mouvements radicaux environnementaux." Une référence bien sur, à peine voilée, au Red Scare, les périodes de chasses aux communistes qui suivirent chacune des deux guerres mondiales aux États-Unis.
Et cette terreur là, à bien y regarder, est bien arrivée en France. Les manifestants blessés sur les différentes zad, quand ce n’est pas la mort d’un militant pendant une manifestation, sont des choses dont on ne s’étonne plus vraiment. L’arrestation massive des militants et l’infiltration de la police dans les rangs des manifestants, c’est aussi quelque chose que tout le monde a pu constater si ce n’est vivre. C’est bien la stratégie assumée du gouvernement, puisque toute contestation légale ne sert à rien, comme le déclarait encore le premier ministre à la mi-décembre alors qu’on lui demandait si la contestation à Notre-Dame-des-Landes avait pu faire changer le projet : "Ce qui a été acté, c’est qu’il fallait attendre l’épuisement d’une série de recours, et de décisions de la justice administrative. Ce sera le cas au premier semestre 2015."
La terreur verte existe donc bel et bien en France, mais Eric Dénécé semble plus ou moins se tromper sur l’origine des importateurs...
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