Monsieur État d’urgence aux commandes
C’est le nouveau premier ministre. Bernard Cazeneuve n’est pas un inconnu, surtout pour quiconque a manifesté lors des derniers mois. Les grenades offensives qui tuent un manifestant, c’est lui. Les interdictions de manifs, les fouilles avant et après, les nasses à répétition, les flashballs dans la gueule, le gaz à gogo... Tout ça c’est lui. Les assignations à résidences et les perquiz chez 4 000 musulman-e-s pour que dalle c’est aussi lui... Les "apologie de terrorisme" pour trois phrases sur FB c’est encore lui ! Parce qu’il était ministre de l’Intérieur avant, et aussi un peu de la Justice, faut pas nous la faire à l’envers (aka séparation des pouvoirs et cours d’éducation civique inutile...). Oui, en France on peut être chargé de la sécurité quand 6 mecs descendent tranquille les boulevards parisiens pour assassiner qui ils veulent avant de repartir en métro et de passer la frontière, quand un autre se fait un strike sur une foule dans la ville la plus sécurisée de France, on peut donc échouer à ce point et non seulement ne pas être obligé de démissionner mais surtout devenir chef de gouvernement.
Un proche du lobby nucléaire
Ce qu’on sait moins en revanche c’est qui est vraiment ce mec, parce qu’avec sa tête de huissier dans Les trois frères on se demande vraiment ce qui a bien pu le pousser à prendre sa carte au PS. Et le mystère reste entier quand on se penche sur son parcours. Il commence en tant que juriste à la Banque Populaire avant d’être parachuté à Cherbourg. Son principal fait d’arme là bas est la défense inconditionnelle de l’EPR de Flammanville et de l’usine de retraitement de La Hague, ainsi que de l’arsenal nucléaire de Cherbourg. Dans ce bastion socialiste, il est constamment réélu maire et est plusieurs fois élu député.
En parallèle, il continue sa carrière de juriste, juge et avocat. Il entre au cabinet de droit des affaires August & Debouzy qui défend de grandes compagnies d’assurances et des groupes industriels, notamment l’assureur d’EDF/ERDF. Debouzy est un expert de la stratégie nucléaire. Donc le député-maire est avocat d’EDF et son patron est un lobbyste nucléaire, vous avez dit conflit d’intérêt ? Juste de la real politik !
Un ministre à l’image du quinquennat du PS
Lors de la campagne du PS en 2012, il est chargé des questions... nucléaires. Il devient Ministre des Affaires Européennes. Son premier dossier est le traité européen, il va convaincre les députés socialistes, d’abord réticents, à voter pour. Il remplace Cahuzac au Budget et s’empresse de supprimer un amendement taxant les transactions financières. Et enfin, il arrive au Ministère de l’Intérieur. Les restrictions de libertés et la vague d’islamophobie c’est récent, on s’en souvient tous et toutes. Par contre, on a peut-être oublié que c’est lui qui est en poste quand Rémi Fraisse est tué par une grenade offensive. D’abord, il va juste mentir complétement en déclarant qu’ils ont trouvé un corps, là comme ça. Puis quand c’est évident que ce sont les flics qui ont tué un manifestant, il ne va même pas se défendre et se contentera de réprimer toute manifestation de colère ou en hommage à Rémi. Puis vient le délire Charlie... Mais ça, c’est encore tout frais, on ne va pas se faire mal à l’évoquer à nouveau.
Une unanimité médiatique
Évidemment, aucun ministre n’aurait trouvé grâce à nos yeux mais celui-là il est particulièrement gerbant. Quant aux médias, ils le cajolent, essaient de le montrer sympa, louent son professionnalisme, bref ils font leur travail de serviteurs du pouvoir de manière particulièrement caricaturale :
France Info nous montre un homme comme un autre, comme vous et moi en somme, même un type marrant.
Capital fait la même chose mais.. attendez, oui c’est exactement le même article que celui de 2013 quand il est rentré au Budget. Pourquoi travailler quand on a inventé le copié-collé ?
Le Monde vante son grand mérite face aux dossiers épineux qu’il a eu à traiter.
Les médias de droite eux applaudissent des deux mains.
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