Depuis des années, à Reims, le sort des demandeurs d’asile est tributaire de l’ignoble et minable partie de ping-pong qui oppose le Maire au Préfet . Le Préfet Ping affirme "dispositif d’accueil saturé" et le Maire Pong rétorque "réquisitions impossibles, c’est le boulot de l’Etat." Cet échange de petites hypocrisies entre amis cesse sitôt que les températures descendent ou montent excessivement. Ces élus responsables réalisent alors que l’être humain ne s’évapore pas en été, ni ne se congèle en hiver et décident de mener dans l’urgence certifiée conforme du thermomètre des mises à l’abri.
La dernière en date a eu lieu le 22 juillet sur le terrain de football voisin de l’armée du salut : vingt demandeurs d’asile ont été transférés et entassés sous abri. La police observe le travail des agents d’entretien qui nettoient le camp. Une poignée de bénévoles récupère dans l’urgence des tentes, des matelas, des couvertures. Le soir même une famille expulsée d’Allemagne arrive. Le camp est quasi vide. Il faut déjà réinstaller des abris de fortune. Le lendemain, seize demandeurs d’asile se retrouvent sur le camp. Le 26 juillet, fin des mesures d’urgence, tout le monde se retrouve dehors. Il pleut des cordes et un fort vent souffle pendant toute la nuit mais qu’importe la Loi est la Loi et on ne peut pas polémiquer avec un thermomètre. Le manque de tentes , les bâches mal tendues, les matelas à même le sol transforment le camp en une espèce de pataugeoire. La direction de l’armée du salut ne veut rien entendre. Si l’une des personnes fragiles ou malades vient à décéder, la responsabilité de l’état ne saurait être engagée. Quant à la question de la souffrance physique et morale, il n’en est même pas question. la "gestion" de ces exilés s’accomplit avec les paramètres modernes d’une déshumanisation glaçante et indifférente. Les politiciens et les associatifs professionnels gèrent l’humain avec la logique implacable des pires androïdes de la S.F.
Par ailleurs on peut s’interroger sur les motivations suspectes de cette opération menée dans l’urgence climatique, sans aucune concertation avec les bénévoles qui œuvrent quotidiennement depuis l’expulsion du foyer de la rue de Cernay : Messieurs Ping et Pong, les Dupont/Dupond de l’humanisme de mascarade ont sans doute à cœur de montrer à la population que la Ville des Sacres ne saurait être la Ville des Crasses, que mettre à l’abri reste très certainement une action salvatrice nécessaire mais que nettoyer un espace vert est autrement plus louable et important pour préserver l’image d’une ville cossue, proprette et touristique. Il faut également se maintenir sur le podium des départements qui se targuent de dépenser moins que la moyenne nationale pour les demandeurs d’asile.
On invite aimablement le maire Ping et le Préfet Pong à venir, ne serait-ce qu’une fois, poser une semelle et jeter un oeil sur le terrain au lieu de pérorer dans les médias à longueur d’années en proférant des inepties gracieuses et mensongères.
Les bénévoles ne vous demandent que deux choses : posez vos raquettes de mousquetaires de pacotille et appliquez la loi.
La politique du thermomètre
Les plans grand froid et les alertes canicule contraignent les autorités à mener des opérations de mise à l’abri des demandeurs d’asile. Ces mesures temporaires relèvent d’un principe de précaution hypocrite et servent d’alibi pour masquer l’irresponsabilité de l’Etat.
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