Belle mobilisation solidaire ces 19 et 20 octobre à Amiens : autour de leaders syndicaux, d’organisation anti-capitalistes, ou bien de l’increvable San Severino, des fougueux Sidi Wacho, 5000 personnes se sont rassemblées afin de faire pression sur une justice politiquement téléguidée condamnant pour la première fois depuis l’existence de la Ve République les huit salariés de Goodyear à de lourdes peines de prison ferme.
Le jugement en première instance était donc clairement l’accomplissement d’une politique soucieuse de juguler toute opposition syndicale ou sociale dans un contexte répressif visant à amalgamer lutte sociale et terrorisme. Ce jugement disproportionné est aussi l’arbre qui cache une forêt de condamnations en cours ou à venir qui, dans la foulée de la lutte contre la Loi Travail, espère faire taire les révoltes futures. Rappelons que cette criminalisation des syndicalistes simplement soucieux de sauver des emplois et des vies sert également à stigmatiser des boucs émissaires et vise à ne pas exposer sur le devant de la scène médiatique les crimes réels et insoutenables d’un capitalisme sauvage...
La déclaration de Michaël Wamen, leader de la CGT à Goodyear est à ce propos tragiquement éloquente : "Depuis la fermeture, douze collègues sont morts. Il y a des divorces, des gars qui tournent à quatre bouteilles de whisky par jour, d’autres en hôpital psychiatrique. Moi je suis chômeur et le 12 janvier, j’ai pris cher ". En effet la justice semble n’accorder que peu d’intérêt aux maladies professionnelles, la multinationale ayant utilisé des matériaux dont la toxicité est avérée, ni aux nombreux accidents de travail consécutifs à un refus d’investir dans une usine vouée à la délocalisation, ni à la souffrance aux travail et aux suicides. La politique économique criminelle pourra se poursuivre en toute impunité dans d’autres pays moins regardant sur le code du travail.
En attendant les réquisitoires d’Amiens ont maintenu les lourdes peines avec sursis et abandonné la condamnation à la prison ferme. Volonté d’apaisement ? Tractation stratégique du donnant donnant ?
La relaxe reste l’objectif à atteindre lors du prochain jugement reporté au 11 janvier. Il faudra encore une fois que la mobilisation soit à la hauteur de l’enjeu : le refus en bloc de criminaliser des hommes et des femmes qui veulent simplement préserver des emplois dignes et des vies heureuses et , autre enjeu capital -si j’ose dire- : désigner les véritables coupables et les forcer à répondre de leurs crimes économiques contre une humanité en lutte.
Crimes courageusement démontrés dans le documentaire "Liquidation" de Mourad Laffitte.
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