Dans une forêt, des machines arrachent, déracinent et jettent à terre des centaines d’arbres. Depuis quelques jours, des chenillards labourent un sol encore gorgé des pluies abondantes du printemps. Des vigiles traînent dans la boue leurs allures de mercenaires. Ce sinistre monde s’agite à l’abri d’une lisière de forêt subtilement préservée, mais ces quelques arbres ne suffisent plus aujourd’hui à cacher le désastre en cours.
Ces machines, ce sont celles de l’Andra, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, qui entend construire ici sa poubelle nucléaire. Cette forêt, c’est le bois Lejuc, bois communal du village de Mandres-en-Barrois. Elle a été volée l’été dernier au terme d’un échange absurde dont la légalité est contestée par les habitant.e.s qui ont déjà déposé deux recours juridiques. S’il s’agit d’un enjeu crucial c’est que l‘Agence projette d’y creuser deux énormes puits. Ils recracheraient à jamais l’hydrogène dégagé par les colis mis à l’oubli dans les entrailles de la Terre.
Nous affirmons qu’une ligne rouge a été franchie. Cette nouvelle emprise territoriale marquerait le début de Cigéo, projet d’enfouissement de 99 % de la radioactivité française. Pourtant leur décharge atomique ne dispose d’aucune existence légale. Elle ne repose que sur les spéculations scientifiques les plus délirantes et la volonté politique la plus crasse de perpétuer la catastrophe nucléaire. Vingt ans de colonisation intérieure, à coup de pognon, de pressions et de foutages de gueules camouflés sous le verbiage technocratique n’ont pas éteint les colères d’une région choisie pour sa faible densité. Le dernier simulacre de débat public, en 2013, a été joyeusement sabordé.
Deux ans plus tard, des centaines de personnes ont afflué dans ce coin de la Meuse pour un camp anti-autoritaire et anti-capitaliste. Depuis, dans la rigueur de l’hiver, un nouveau lieu d’organisation a commencé à se construire. Nos cultures squattent maintenant un bout de terre accaparée par le projet. Début juin, plus d’un millier d’opposant.e.s se sont rassemblé.e.s devant le labo lors d’un week-end réjouissant entre concerts punk, randonnées actives et secouage de grilles.
Le bruit des arbres qui craquent sous les assauts de leurs machines nous est insupportable. Si nous sommes encore peu, nous avons été réactifs et multiplié ces derniers jours les balades dans le bois. Nous avons semé leurs vigiles, esquivé les poulets et fait face à une ligne de gendarmes mobiles. Sur la voie qu’ils pensaient toute tracée, nous avons tenté de monter des barricades, creusé des tranchées à la pioche et fait tomber leurs grilles. Ce que nous avons modestement ouvert dans cette forêt c’est un front, celui qu’ils avaient pris soin de ne plus nous offrir.
Nous devons l’investir ensemble. Tous les moyens sont nécessaires pour empêcher qu’un bois ne soit bientôt rasé et clôturé de barbelés tranchants. Sa destruction créerait un nouveau désert, condition indispensable à la prolifération nucléaire. Nous pensons pique-niques, balades, manifestations populaires. Nous imaginons sabotages, occupations, actions décentralisées.
Cette manche se joue dès maintenant et nous savons que cet été sera décisif. Notre seule limite, c’est le nombre. Certain.e.s commencent déjà à nous rejoindre. Comme nous l’a appris le mouvement de contestation en cours : quand on est nombreux, on fait c’qu’on veut.
Retrouvons-nous dès à présent et reprenons la forêt !
Et soyons nombreux-euses le 19 juin à Mandres-en-Barrois !
A partir de 11h, pique-nique interminable au départ de Mandres-en-Barrois, rendez-vous près du lavoir.
Infos – vmc.camp / burestop.eu / burezonelibre.noblogs.org / pandor.at
Tel – 0758654889
Version imprimable :
Compléments d'info à l'article