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Nouveau délire sécuritaire sur Reims

Reims Métropole vient de signer une nouvelle Stratégie Territoriale de Sécurité et de Prévention de la Délinquance (STSPD). Oui, encore une mesure sécuritaire, à ce niveau là, ce n’est plus une priorité mais une névrose. STSPD donc, kézako ?

Petite présentation du STSPD

La STSPD est un plan qui s’inscrit dans une longue série de groupes de réflexion locaux sur la sécurité, la prévention et la répression. En 1978, apparaissent les Comités de Prévention de la Délinquance. Peu à peu, ils élargissent leurs champs d’action en changeant de nom. Les instances représentées changent, ou du moins leur interlocuteur, ainsi les juges de mission spéciale sont remplacés par les procureurs. Aujourd’hui dans ces STSPD, se trouvent le maire, le préfet, le conseil général, le procureur donc mais aussi l’inspection académique et les bailleurs sociaux. Notons tout de même que ce plan de prévention et de répression de la délinquance est présidée par Catherine Vautrin, oui celle qui est mise en examen pour abus de confiance dans l’affaire du paiement illégal de l’amende de Nicolas Sarkozy...

Ça balance pas mal à...l’école !

Retrouver l’éducation nationale dans la prévention de la délinquance, et surtout sa répression peut paraitre étonnante. Mais l’un des principaux rôles de l’école consiste en le maintien de l’ordre, souvent oubliée car peu glorieuse, cette tâche se trouve souvent être la principale de certains établissements pour qui la collaboration avec la police est devenue monnaie courante. Évidemment, les récentes affaires médiatiques autour des enfants "terroristes" dénoncés par leurs instituteurs ont permis de découvrir cette habitude. Mais chaque rectorat dispose de son référent police-gendarmerie, et très souvent l’accès au dossier scolaire ne pose aucune difficulté aux forces de l’ordre, le secret professionnel scolaire se nomme maintenant "secret professionnel partagé".
Souvent présenté comme une mesure protégeant les enfants victimes de harcèlement, cette collaboration sert surtout à judiciariser des conflits entre élèves et personnels, référencés dans le logiciel SIGNA. Ce qui devrait se régler dans l’établissement se règle dorénavant dans les commissariats et les tribunaux. La collaboration peut aussi se faire par rapport à des délits intervenus lors des heures de cours, la police soupçonne un-e élève et demande s’il/elle était présent-e en cours ou non. Son absence tendant ainsi à prouver sa culpabilité. Quand il ne s’agit pas tout simplement de dénonciation de sans-papiers, un cas très médiatique fut celui d’un enfant équatorien dénoncé lors de son inscription en maternelle dans le Véme arrondissement de Paris. Delanoé ayant critiqué cet acte, l’affaire connut un certain écho dans la presse, nul doute que des cas moins médiatisés se produisent assez souvent.
En terme de prévention, les interventions de la police dans les écoles ont lieu régulièrement. Habituant ainsi les élèves à une présence policière qui n’a pourtant, a priori, rien d’évident dans un lieu d’enseignement.

La collaboration des bailleurs sociaux

Il en va de même pour les bailleurs sociaux. Ces organismes prennent place dans toutes les initiatives sécuritaires. Là aussi, le dispositif avance les côtés les plus populaires, comme la lutte contre les nuisances sonores. Dans les faits, cela concerne surtout la lutte contre les occupations illégales d’appartement, les jeunes en bas des cages d’immeubles et la lutte contre la drogue. Lorsqu’une famille pose problème, la police prévient le bailleur, qui se charge de monter un dossier en justice pour l’expulser.
Difficile de ne pas comprendre qui s’avère être la cible de ces partenariats : les pauvres des quartiers. "Lutte contre la délinquance" doit être compris comme lutte contre les pauvres, cela ne signifie rien d’autre et cela n’entraine rien d’autre.

Croix-Rouge-Wilson en ZSP

Preuve en est, à Reims ce STSPD verra donc l’intégration de la ZSP (Zone de Sécurité Prioritaire) Wilson-Croix-Rouge. Des quartiers dits "populaires" ou "sensibles", en fait des quartiers où vivent des pauvres.
Les ZSP sont des zones voulues par Valls quand il était ministre de l’Intérieur. Il s’agit de quartiers, ou de villes entières, où la collaboration vue plus haut marche à plein régime et où aussi, et surtout, la police va être omniprésente. La police nationale et la BAC y patrouillent beaucoup plus qu’ailleurs. Des contrôles d’identités systématiques sont prévus, dernièrement un policier a blessé un jeune homme lors d’un de ses contrôles à Wilson. En plus de cette police habituelle, peuvent intervenir la police judiciaire, la PAF (police spéciale immigré-e-s) et les CRS.
Cette fois-ci, la collaboration s’étend aux transports et aux assos de quartier. La CITURA dispose d’une petite patrouille qui rôde un peu partout en ville, et en priorité dans ces quartiers. Elle est en contact permanent avec la police.
Ces ZSP fonctionnent en fait comme de grands laboratoires, dans lesquels les autorités tâtonnent un peu, elles tentent plus ou moins tout un tas de mesures, (fichages, intimidations, collaboration étroite, dénonciations, etc.) qu’elles pourraient exporter à la totalité du territoire selon leur succès.
A Reims, c’est sous Adeline Hazan que Wilson-Croix-Rouge obtient le "label ZSP". En matière de sécurité, la complémentarité gauche-droite se révèle d’une efficacité redoutable.

Les maires-sheriff règnent !

Arnaud Robinet ne sera bien sûr pas en reste. Le STSPD élargit les compétences des maires en termes de sécurité. En effet, ces messieurs, et cette dame (sur les 16 communes de Reims Métropole, seule Villers-aux-Noeuds est dirigée par une femme) vont maintenant avoir la possibilité de convoquer les accusés pour leur faire des remontrances. Petite confusion entre pouvoir exécutif et judiciaire, cette mesure va probablement créer le sentiment d’être un sheriff chez certains enclins à l’autorité (Non, pas forcément Robinet...). La politique sécuritaire de Reims se propage aux autres communes, même jusque... Saint-Léonard. Ce village de 100 habitants va se doter de caméras, 3 ou 4. Pour comprendre le ridicule, il faut savoir que Saint-Léonard est la plus petite commune urbaine de France !

Et si on en refoutait une couche sur les gens du voyage, comme ça gratos ?

Un dernier point, plutôt sorti de nulle part, traite des gens du voyage. Surement pour renouer avec une tradition locale de répression des voyageurs, lancée par la gauche qui avait expulsé et privé d’eau et d’électricité des familles installées sur l’aire d’accueil de Betheny. Tinqueux, elle, a été condamnée fin 2012 à 45 000 euros de dommages et intérêts pour avoir refusé de raccorder à l’électricité une famille de voyageurs.
Reims a pris un arrêté le 27 octobre 2014 contre le stationnement des résidences mobiles en dehors des aires aménagées et souhaite engager une procédure d’expulsion systématique en cas de contravention à ce règlement, ainsi qu’une neutralisation des lieux squattés (comprendre : leur destruction).
La Marne ne contient que 8 aires d’accueil, alors que la loi lui oblige à en avoir 11 et seulement 3 aires de passage sur les 5 obligatoires.



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